Créativité

La créativité en traduction : l’art des choix

« Comment on dit… en anglais ? » On me la pose souvent. À mon tour !

  
Si la créativité est admise comme une évidence en rédaction, elle inspire la méfiance, voire même la peur en traduction. Comme si la traduction était une activité mécanique, mathématique, où chaque mot a son reflet exact et entier, et où le résultat final est un miroir : identique, mais dans l’autre langue. Une science exacte, où la question « Comment on dit… ? » n’a qu’une seule réponse possible.

Sauf que :

  1. Les langues ne fonctionnent pas toutes comme celle que l’on parle ;
  2. Chaque langue évolue dans un contexte culturel qui doit aussi être pris en compte.

Autrement, Google Translate ferait un boulot impeccable et je me chercherais une autre carrière !


La créativité est l’art de choisir le terme qui s’impose dans le contexte, selon le traducteur.

Plus le texte est abstrait, plus il vise à créer une image, à émouvoir le lecteur, à le convaincre ou à le pousser à agir, plus les possibilités sont multiples et plus les choix varieront d’un traducteur à l’autre. Le traducteur se retrouve rarement sur un mince fil de fer pour assurer l’exactitude : c’est bien souvent une autoroute à cinq voies. On dit bien que tous les chemins mènent à Rome, après tout.

Tout comme un bon pâté chinois se compose de « steak, blé d’Inde, patates », une traduction peut se résumer en trois couches de sens :

  1. Les faits véhiculés
  2. Les influences culturelles
  3. La voix de l’auteur et la présentation du message

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1.Les faits véhiculés

Le dictionnaire en est témoin : un même mot peut avoir plusieurs sens. Chacun de ces sens peut être représenté dans l’autre langue. Parfois les mêmes mots couvrent une large part de ces différents sens, parfois non. On ne peut prétendre que très rarement à une équivalence parfaite 1=1. Un bon traducteur sait naviguer le sens et la nuance.

Mais même s’il existait des équivalences 1=1 parfaites pour chaque mot qui permettraient de transmettre les données brutes, le travail reste incomplet sans la représentation des deux autres aspects.
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2.Les influences culturelles

Avez-vous eu un flash de « La P’tite Vie » quand j’ai parlé de pâté chinois ? Si j’avais à traduire ce texte pour un gars du Texas, je lui dirais quoi, au juste ? Certaines références culturelles sont directement imbriquées dans le texte. Il faut composer avec ou trouver un équivalent pour recréer la même proximité avec le lecteur ; par exemple, on peut remplacer une métaphore de hockey dans un texte montréalais par une de football pour le fameux gars du Texas, ou de soccer pour son cousin Britannique (en prenant soin d’appeler ça aussi du football, bien entendu !)
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3.La voix de l'auteur et la présentation du message

L’auteur tente-t-il de rester neutre, de s’effacer, ou au contraire prend-il position ? Utilise-t-il l’impératif ? Parle-t-il au « je », au « nous », au « vous » ? Joue-t-il avec les sonorités ou même avec l’aspect graphique des lettres ? Toutes ces variantes peuvent se refléter dans une bonne traduction, pourvu qu’on s’y donne la peine.

Bref, si la créativité en traduction vous effraie au premier coup d’œil, comme si elle planait comme une menace à votre autonomie comme auteur, je vous assure que je ne remets pas l'autorité de votre voix en question. Bien au contraire, je vous propose d’exploiter un outil puissant pour décupler la force de votre message.

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