Considérant le temps que j’ai mis à pondre ce texte, ma crédibilité en prend un coup. J’étais surtout gênée par le fait que ce type d’article pullule déjà sur internet. En fin de compte, je me suis laissé inspirer par le philosophe grec Héraclite d’Éphèse, qui est d’un grand réconfort à tous les créatifs qui, à un moment donné, se sont dit que leur sujet avait déjà été traité en long et en large :
« ON NE SE BAIGNE JAMAIS DEUX FOIS DANS LE MÊME FLEUVE. »
Plus de temps à perdre, on passe au cœur du sujet ! La créativité sur demande, c’est pas évident, mais selon le métier, c’est bien souvent inévitable. Voici donc une dizaine de trucs pour vous aider quand vous êtes au pied du mur, au moment où vous vous installez pour créer ainsi qu’en cours de projet.
AVANT DE COMMENCER
1. Un remue-méninges
En partant, celui-ci n’est pas pour tout le monde. Ou du moins, pas dès le début. Mais le fait de verbaliser à voix haute le fil de nos pensées sur le sujet peut faire remonter des pistes à la surface, que l’on soit seul ou avec un interlocuteur qui peut poser des questions ou émettre à son tour des propositions qu’on n’avait pas encore envisagées. À vous de juger où cet outil peut vous être utile en cours de processus.
2. Un petit échauffement
Tout comme on fait des étirements avant de faire de l’exercice, préparez votre corps et votre esprit avant de vous installer au travail. Fermez les yeux et prenez quelques bonnes respirations, lentes et profondes. Délogez le stress de savoir que le temps passe ; il ne vous sera pas utile pour ce boulot. Quelques étirements et rotations du cou et des épaules, là où le stress s’installe, font du bien.
Ne négligez pas d’éveiller aussi les sens qui ne seront pas appelés directement à contribuer : un pamplemousse au déjeuner, un morceau de chocolat noir, ou quelconque saveur fait frémir vos papilles. De plus, l’odorat est souvent sous-estimé comme stimulant. Vous savez ce qui me fait sourire et me met en mode création à tout coup ? L’odeur de la pâte à modeler.
3. Un verre d’eau
La déshydratation nuit à différentes facultés du cerveau, dont la concentration et la mémoire. Elle s’installe pendant notre sommeil et s’intensifie bien avant qu’on n’ait soif, sans compter les effets diurétiques du café, du thé et des boissons gazeuses ou énergisantes. Un verre d’eau fraîche aide à ravigoter les neurones.
4. Un environnement adapté
Celui-ci est très personnel, car l’environnement inspirant d’une personne peut paraître distrayant et contre-productif pour une autre. Mais voici en vrac quelques éléments à considérer. L’éclairage de la pièce est-il adéquat ? Et l’intensité de l’écran, si vous travaillez à l’ordi ? La température vous convient-elle ? Si vous travaillez assis, votre chaise est-elle bien ajustée ? Avez-vous les outils dont vous aurez besoin à la portée de la main ?
Cela dit, attention au confort absolu qui porte à la sieste !
Et le niveau de bruit ambiant ? Personnellement, j’ai de la difficulté à ne pas remarquer les conversations autour de moi. Pas pratique dans des bureaux à aire ouverte ou au café du coin. Et ma cervelle emmagasine trop de paroles pour pouvoir faire fi d’une musique ambiante. Si vous pouvez travailler avec des écouteurs ou recherchez un bruit de fond, des sites web et des vidéos sur YouTube vous proposent une multitude de possibilités. Entre autres, les fans de Harry Potter peuvent travailler aux sons de la salle commune de leur maison sur Ambient Mixer (la tour de Serdaigle pour moi). Mon site préféré, Nature Sounds For Me, vous permet de créer votre mix parfait en combinant jusqu’à quatre types de son, y compris un feu qui crépite, la pluie sur le toit, le son des vagues, le chat qui ronronne ou encore… Darth Vader qui respire 😉
AU TOUT DÉBUT
5. Un point de départ
Il n’y a peut-être rien de pire quand on doit créer que la page blanche, ou à l’ordi, le curseur qui clignote sans merci. Commencez n’importe où, n’importe comment s’il le faut, mais ne laissez pas ce vide devant vous. La créativité est un processus pratique et non théorique. On ne peut pas partir à l’aventure si on ne part pas, justement. Ne cherchez pas à commencer avec quelque chose de génial qui survivra jusqu’au produit final ; il s’agit d’un simple point d’ancrage qui sert de tremplin exploratoire.
6. L’essentiel
C’est d’être aimé… pardon, je divague. Ici, il s’agit d’exprimer en très peu de mots ce que l’on cherche à communiquer. Faites tenir en une phrase le message que vous voulez que l’interlocuteur retienne. Même si votre projet est visuel, vous visez à exprimer quelque chose. Une de mes professeurs utilisait l’acronyme « WIRMI » = « What I really mean is… » Donc, « Au fond, ce que je veux dire, c’est… » À vous de compléter la phrase, puis de l’étoffer.
7. Tous les clichés imaginables
Les premiers sentiers que l’on explore sont souvent les plus battus. C’est une loi de la nature que de chercher la solution la plus simple, qui exige le moins d’efforts. Il ne sert à rien d’y résister. Notez ou gribouillez toutes les platitudes qui vous passent par la tête. Ça libère de l’espace mental pour aller fouiller au-delà.
EN COURS DE PROJET
8. Plusieurs chapeaux
Changez de perspective par rapport à votre travail. Oui, oui, je vous sors une référence de gestion pour faire progresser un travail créatif. Dans son ouvrage Six chapeaux pour penser, Edward de Bono propose d’adopter six points de vue pour traiter un problème :
- La neutralité (chapeau blanc) : l’information de base, l’approche journalistique
- La critique émotionnelle (chapeau rouge) : la réaction émotive, l’intuition, l’éditorial
- La critique négative (chapeau noir) : les risques, l’appel à la prudence (de grâce, ne le laissez pas parler trop longtemps, celui-là !)
- La critique positive (chapeau jaune) : l’optimisme, le bâtisseur
- La créativité (chapeau vert) : la pensée latérale, la provocation, le champ gauche
- L’organisation (chapeau bleu) : la synthèse de tout ça, la vue d’ensemble
Selon le type de travail, de Bono propose un ordre dans lequel les utiliser ; pour la résolution de problème, essayez la séquence bleu, blanc, vert, rouge, jaune, noir, vert, bleu.
9. La platitude
La conscience n’occupe qu’une partie de notre cerveau, et il est souvent très utile de laisser parler son inconscient. La meilleure façon ? Prendre une pause et aller faire quelque chose de complètement différent. Prendre une marche, c’est excellent pour l’oxygénation du cerveau (apportez une bouteille d’eau, aussi !) Mais dans un tout autre ordre d’idée, la banalité offre une plateforme incroyable pour laisser surgir de nouvelles idées. Prendre une douche. Laver la vaisselle à la main. Plier ses vêtements. Arracher les mauvaises herbes dans le jardin. Tout ce qui a un caractère répétitif et n’exige pas de grand effort mental peut faire l’affaire.
Pour ceux qui croient que je fais l’éloge de la procrastination, rassurez-vous. Des études démontrent qu’une telle pause est d’une grande productivité, tant que le travail a déjà été entrepris. Notre subconscient a besoin de matière sur laquelle plancher.
10. La disruption
« Je l’ai tellement regardé que je n’y vois plus rien. » C’est souvent un des derniers obstacles à surmonter dans le processus créatif. Modifiez un aspect quelconque de votre travail et votre cerveau y percevra de nouvelles choses.
Vous travaillez sur du texte ? Changez la couleur de fond, la couleur de la police, ou la police elle-même. Saviez-vous que vous pouvez demander à votre ordi de vous relire à haute voix ? Sa voix mécanique peut être très utile pour déceler des passages qui auraient intérêt à être retravaillés. De la même façon, relisez-vous à haute voix, mais en partant de la fin.
C’est plutôt graphique comme création ? Changez le zoom pour voir le résultat de loin. Ajoutez un filtre pour modifier temporairement les couleurs ou passez au monochrome.
Dans les deux cas, si vous fixez un écran depuis des heures, imprimez votre travail. L’aspect tactile change souvent la donne.
Voilà donc mes dix meilleurs trucs pour stimuler la créativité au moment présent. Mon prochain billet portera sur une approche à plus long terme pour entretenir et approfondir sa créativité.
Mon côté introverti, qui adore retourner un problème pour l’examiner sous toutes ses coutures, ne jure que par le numéro 9. Y en a-t-il un qui est incontournable pour vous ? Ou encore qui manque à ma liste ? N’hésitez pas à partager vos armes de création massive !